Outragée
Massif des Aiguilles rouges (premier plan) et massif du Mont-Blanc (au fond) depuis la Tour Salière (3220ma) Massif du Giffre.
J’ai,
Senti ta peau sous mes mains, elle était habitée.
Caressé des yeux ces endroits interdits, cachés,
Dont seuls les fous se rappellent, ainsi ensorcelés.
Dérobé à tes formes leur infinie beauté, quand j’ai
Dû saisir ton corps tremblant sous la pleine lumière.
Entendu tes hurlements d’horreur, sans attention.
Essuyé les larmes sur tes joues, sans intention.
Oublié la douceur frêle, lui préférant l’affront.
Ecrasé sous mes coups de pieds, ta chair affolée.
Dû saisir ton corps saignant sous la pleine lumière.
Nettoyé le rouge ruisselant sur mes mains, navré.
Serré fermement tes mains ; tes poignets ? Déchirés.
Mordu le fil chétif de ton cou décharné, et
Ensanglanté l’écrin de tes os brisés, quand j’ai
Dû punir ton corps mourant sous la pleine lumière.
Débarrassé ton ventre creux de ta substance.
Pris de tes épaules nues le collier de croyances.
Porté tantôt fièrement pour retrouver l’enfance.
Brisé le bijou sous tes yeux révulsés, quand j’ai
Dû punir ton âme, brulant sous la pleine lumière.
Vu à mon heure de gloire enchantée dans ta mort
Le long sacre de mon temps où y régnèrent mes torts.
Erré bien trop longtemps loin dans la prison du sort.
Cru y trouver l’heureux salut au soleil quand j’ai
Dû éteindre ton regard froid sous la pleine lumière.
Senti, seulement, dans ma poitrine mon souffle
Comme milles aiguilles de verre, impossible d’apaiser
La douleur d’un étranglement sourd, invisible.
Vu filer de mes doigts, l’eau de ma vie quand j’ai
Dû regarder tes mains nues sur mon cou se serrer.
Rejoins l’obscurité.