Sauvage
Le vent se lève sur l'ancien monde ; la pluie s'abat lourdement dans un concert de cris ; les visages effrayés sont écrasés au son du tonnerre. Ferme les yeux ; calme, ressens la toute-puissance du monde. Crois-tu honnêtement pouvoir faire tomber, par ton action cancéreuse, l'arbre dont tu gangrène la branche ? N'est-ce pas, là encore, une croyance prétentieuse que tu te plais à maintenir, ne voulant admettre ton inconséquence naturelle ? Le miroir qui régnait devant moi n'est plus. Brisé par la foudre, la roche ; ses éclats érodés sont redevenus sable. Happé par le vide, le non-être, je erre sans but, heureux d'avoir disparu de son joug. Je ne suis plus rien, je pourrais être tout, être réinventé à l'infini. Hier n'a plus de sens, demain n'est plus contraint ; seul gît ce moment chaotique où tout se mêle, change de visage au gré du vent.